J'ai froid et je ne veux plus avoir froid

Par Martin Vieilhescaze

28/10/2025

Je crois que je souffre de la maladie de Raynaud. Ce diagnostic est donné par moi-même. Dans ma famille, cette maladie est présente, je ressens les symptômes, j’estime que je l’ai. Bien que mon bien-être ne soit pas le sujet de cet article, c’est une sensation désagréable avec laquelle je me suis habitué. Par ailleurs, j’ai pris mon appartement récemment avec Augustin en quête d’une vie durable, sauf que dans l’appartement, les chauffages sont des "grille-pain" qui consomment énormément. Par principe écologique, par souci de coût et pour le goût de l'aventure, on s'est donné le défi de passer l’hiver sans nous chauffer. Et, c’est précisément là que je me suis rendu compte de la difficulté et de l’inconfort que pouvait représenter Raynaud. C'est surprenant mais quand on ne vit plus chez ses parents et qu’on décide de ne pas mettre le chauffage en hiver alors qu'on vit dans le nord de la France, c'est pas facile.

Bien qu'adepte des challenges complexes, celui-ci fut long et désagréable. Par conséquent, je devais trouver des alternatives pour réchauffer mon corps et ainsi faire circuler mon sang jusqu’au bout de mes membres. Je me suis d’abord posé plusieurs questions désordonnées : comment mon corps se chauffe-t-il ? Pourquoi ? Quels moyens externes peuvent réchauffer mon corps ? Plus personnellement, comment fonctionne Raynaud et quelle serait la solution la plus adaptée pour résoudre cet inconfort ?

Je vais vous partager mes réflexions et le fruit de mes recherches, mais je vous invite à vérifier et étayer les informations de votre côté si ça vous intéresse.

Comment mon corps se chauffe t'il ?

Nous sommes des animaux homéothermes (nous gardons la même température corporelle indépendamment des fluctuations du milieu). La température de notre corps est régie par l'activité de certains de nos organes qui travaillent en permanence. Le cœur, les poumons, le cerveau, le foie, etc., sont des organes qui, actifs, produisent de l'énergie. Cette énergie se diffuse sous la forme de chaleur, ce qui défini notre température interne. L'outil responsable de cette régulation est l'hypothalamus : c'est cette partie du cerveau qui nous fait trembler quand nous avons froid ou qui déclenche des sueurs lorsque nous sommes en surchauffe. Pour entrer encore plus dans les détails de ce qui produit la chaleur de mon corps, il faut comprendre que c'est la respiration de chaque cellule qui le compose qui produit de l'énergie. Cette respiration cellulaire produit de l'ATP, équivalent biologique pour le corps de ce qu'est l'électricité pour l'ordinateur ou le téléphone sur lequel vous lisez cet article. Étant donné que c'est le sang qui permet d'apporter l'oxygène nécessaire au bon fonctionnement de nos cellules, une mauvaise circulation de ce dernier entraînera donc un manque et, par conséquent, moins de production d'ATP de la part de nos cellules, et donc l'apparition du froid, ou du moins de la sensation de froid.

Pourquoi "être au chaud" ?

Une température spécifique comme celle de 37 degrés environ ne s'est pas définie par défaut. La nature fait bien les choses, et c'est avec cette température que le fonctionnement de nos cellules est optimal. À cette température, notre corps fonctionne mieux. Nos synapses sont à une température qui permet leur fonctionnement le plus rapide. En plus de ça, nos muscles et nos cellules réagissent à la vitesse la plus coordonnée pour les informations transmises par notre cerveau. Cette température permet aussi à nos cellules de ne pas périr et limite le développement de pathogènes néfastes pour notre corps.

Quels moyens pour réchauffer mon corps ?

Les parties les plus importantes à chauffer sont le torse et la tête. Durant ma première année indépendante j'aimais me répéter un adage : "tête chaude, corps chaud". Il faut imaginer la tête comme le bout du thermomètre qui va permettre au liquide de monter ou descendre afin de nous afficher la bonne température. Si notre tête se maintient à une température réchauffée, la sensation de froid sera plus difficile à percevoir. Garder le cou au chaud est également très efficace. Sans doute car les artères sont davantage exposées à l'air ambiant, l'échange thermique avec le sang est peut-être plus rapide. De même, le torse est à maintenir au chaud pour assurer la meilleure circulation du sang qui transmet la chaleur tout en nous.

Avec le syndrome de Raynaud, si j'avais froid au bout des pieds ou encore au bout des mains, naturellement je cherchais à réchauffer ces parties-là. Mais pour moi il s'avère plus efficace de bien tenir au chaud la tête et le torse pour ensuite s'activer très légèrement (marche, petit saut, mini course sur place) afin d'activer le cœur plus rapidement. Et ces sensations s'en vont assez rapidement.

Il est clair que l'immobilité est un facteur d'amplification du froid permanent. Par conséquent reprendre l'habitude de mettre un pull et un bonnet à l'intérieur fut une solution bien facile et très confortable. Une couverture en plus de tout ça et un bon petit thé ou chocolat chaud, et j'étais au max ! Moins de froid, plus de plaisir, sans que ce soit embêtant ou compliqué à mettre en place.

Si je devais résumer mon expérience en une seule leçon, ce serait celle du bonnet. Elle a tout changé. En quelques minutes, il suffit à redonner de la sensibilité à mes extrémités et à apaiser cette sensation de froid persistante. Pour les moments d’immobilité, comme lorsque je suis assis à mon bureau pour écrire, une couverture sur les épaules ou les jambes maintient mon confort thermique sans effort. Cette aventure m’a appris une chose essentielle : il ne s’agit pas de chauffer un volume d’air, mais de cibler uniquement ce qui compte : mon corps et l’espace immédiat qui m’entoure.

Cette approche s'appelle le slow heat, c'est la démocratisation des innovations sociotechniques en matière de pratiques de chauffage. En fait, c'est réfléchir à nos besoins de chauffage et y répondre simplement.

Pour moi le slow heat, c'est juste le chauffage logique. Depuis cette expérience, je remet en perspective le chauffage des espaces comme on peut le faire d'habitude. Je le vois un peu comme le chauffage des terrasses à l'extérieur, ou même au chauffage des rues à l'époque.

Plutôt que de gaspiller de l’énergie à réchauffer une pièce entière, concentrons-nous sur ce qui nous touche directement. Ca ne faisait de sens quand on avait de l'énergie en abondance, disponible et bon marché. Mais quand on sait que ça ne peut pas durer : on chauffe uniquement ce dont on a besoin de chauffer, quand on en a besoin, et tout va bien.

Solutions concrètes et ordonnées

Voilà donc quelques solutions sur lesquelles rebondir si la précédente n'a pas permis une température confortable :

Dans notre cas, nous avons un appartement étudiant mal isolé et un mauvais système de chauffage. Nous nous sommes rabattus en priorité sur l'entrainement constant de résistance au froid (douches moins chaudes, moins en moins d'habits dehors). Nous pouvions sortir en t-shirt quand la météo était la moins difficile, et ce sans avoir froid. Nous mettions des habits chauds quand le froid nous semblait trop fort, souvent quand on ne bouge pas. A l'appartement, nous avons passé plus de temps à nos bureaux en mezzanine, là où la chaleur de l'immeuble remontait. Toutes ces solutions nous on permis de passer un hiver pas si désagréable, sans chauffage (N'oubliez pas d'ouvrir vos fenêtres pour ne pas emmagasiner de l'humidité) !

Je ne prétends pas avoir la solution universelle, mais cette approche a transformé mon rapport au froid. Et si, plutôt que de lutter contre l’hiver, nous apprenions à cohabiter avec lui en adaptant nos habitudes et notre environnement immédiat ? À vous de tester et de trouver ce qui vous convient le mieux.

Si, en lisant ça, ça vous a donné des idées ou si vous connaissez d’autres solutions simples à mettre en place et super efficaces, n’hésitez pas à nous en faire part par mail !